lundi 26 mars 2012

Independance Day

Le 20 mars 2012, date de l’anniversaire  de l’indépendance a coïncidé avec une manifestation populaire  pour soutenir un état civil et pour appeler l’assemblé constituante à  entériner  les principes d’égalité, de liberté et  de dignité dans la prochaine constitution.  Cette manifestation a été préparée  en repense à une autre manifestation organisée par des salafites et leurs alliés d’ennahdha visant à faire de la chari3a islamistes la source fondamentale et unique de la législation dans la constitution tunisienne en  gestation.

Nous nous étions  donnés  rendez vous pour participer à cette manifestation. Nous, on appartient  à ce que nous appelons entre nous les extrémistes du centre.  Nous avons  des analyses  décalées des événements et nous doutons de toute la classe politique qui court derrière ses intérêts.  Nous  sommes  peut être indiscernables dans la foule mais nous veillons et nous agirons.

Notre engagement du jour  était  certainement  pour la bonne cause. Nous défendions une patrie, nos valeurs  et nos convictions.  Pourtant  la manif  du 20 mars nous révulsait car  elle sentait la peur.  L’odeur de la peur couvrait les parfums aux centaines d’euros  et  avilissait  l’engagement spontané et inconditionnel d’une jeunesse  venues en masse. 

Nous nous  attendions à exprimer un message  sans équivoque aux salafites.  Un message qui signifierait que nos droits sont inaliénables et indiscutables. Mais l’ambiance  était trop festive et  sans profondeur. On  a  regretté  l’absence de représentativité réellement populaire de la manifestation.  On a  regretté sa superficialité et son ambiance de défilé  carnavalesque.

Nous avons aimé voir les gens rassemblés, demander des comptes  au gouvernement, aux partis de la troïka. Nous avons voulu  sommer la troïka de fixer  une datte buttoir  pour l’achèvement de la rédaction de la constitution et  condamner Ennahdha pour ses tentatives de mettre la main sur l’administration, sur l’armé, sur l’appareil sécuritaire et sur les journalistes.

Le 20 mars 2012,  certes un message  a été envoyé au gouvernement et aux partis au pouvoir mais le message était tronqué et dénudé de contenu à la hauteur des événements. La partie  est certainement remise.

vendredi 9 mars 2012

Une patrie, un drapeau

Je me rappelle ma grand-mère maternelle quand elle me parlait de la vie à Tunis pendant l’occupation française. Elle me racontait que  mon oncle a été passé à tabac et emprisonné alors qu’il essayait de mettre le drapeau national  à la place de celui de la France.  Elle me racontait que ma mère a été arrêtée alors qu’elle manifestait pour la libération et pour la dignité des tunisiens. Mon oncle paternel  était lui aussi un résistant contre l’occupation française et a été arrêté et  banni. Il mourut quelque temps après son retour du bagne. Je me rappelle aussi mon service militaire version courte, où on faisait chaque jour le salut du drapeau national et où on retrouvait la patrie ses défenseurs et ses symboles.

Il  n’y a pas une famille tunisienne sans de pareilles histoires pareilles à raconter. Peut être il y a un certain temps, ceci n’avait  pas de significations particulières pour moi et pour nous tous. Mais ce qui c’était passé à la faculté de la manouba m’a mis dans tout mes états.  J’étais à la fois ému et en colère. Le drapeau national  a été souillé et jeté par terre par une bande de rats barbus. L’acte de ces  traitres sales et  perfides  ma touché profondément et à fait ressurgir en moi un flot d’images.

Il  y a d’abord  tous ces gens qui ont donné leurs  vies pour hisser haut  le drapeau national. Il y a tous ces gens qui sont allés en prison parce qu’ils ont estimé que la place du drapeau tunisien est au dessus de nous tous. Il y a tous les larmes  versés par des tunisiens, rien qu’en  voyant le drapeau  flotter dans le ciel un peut par tout dans le monde. Il y a tous nos  compatriotes qui vivent la solitude de l’exil  et qui attendent  l’instant de revoir le drapeau. Il  y a aussi ce sentiment d’appartenance  indescriptible que suscite la vue du drapeau et  qui nous rappelle notre attache à cette terre à ce peuple et à cette patrie. Il y a ensuite les images de la révolution et  la marée de drapeaux rouge et blanc qui a envahi  l’avenue Habib Bourguiba  et qui nous rassemblaient et nous unissaient.

Il est inconcevable que nous arrivions à une situation pareille après une si belle révolution. Le symbole de notre unité et de notre appartenance s’est trouvé rabaissé et sali.  Nous étions tous des Tunisiens ou du moins c’est ce que je croyais. Nous étions  nés  sur cette terre, nous avions respiré son air et manger ses fruits. Le reste  me paraissait  secondaire. Aujourd’hui toute l’échelle de valeur se trouve renversé. La scène atroce d’hier m’a interpellé sur la fragilité de notre sentiment d’apparence  et sur la vanité de certaines de nos certitudes.  La polarisation de la société est devenue une réalité. La civilité et le patriotisme de nos compatriotes  est un leurre. L’ignorance et la bêtise de nos jeunes  à atteint des niveaux inimaginables.  Ceux qui osent hisser un drapeau autre que celui de la Tunisie et qui osent l’outrager  ne sont surement pas prêt  à le défendre.

La fracture de la société est consumée depuis un certain 23 octobre. Mais moi  je ne peux pas accepter le troc de la patrie contre quoi que ce soit d’autre. Ceux qui ne se sentent pas liés à ce pays n’ont qu’à le quitter. D’ailleurs ils étaient toujours et ils le resteront probablement toute leur vie, des étranger à cette patrie.  Le plus important c’est qu’ils ne nous feront pas plier. Nous résisteront et nous défendront  notre patrie et nos valeurs jusqu’au bout.

La Tunisie n’est pas un pays né après la dernière pluie et ceux qui le prétende se trompe sur toute la ligne. Ce pays est un bastion de la modernité  et une matrice de plusieurs civilisations. Ils ne pourront jamais le métamorphoser.

dimanche 4 mars 2012

Profanation

J'ai été profondément choqué par le spectacle de la profanation d'un cimetière à Benghazi en Libye. Ce qui s'est passé ne peut être qualifié que d’abominable car aucun justificatif ne peut  motiver cet acte barbare,sauvage et inhumain. La profanation des cimetières est intolérable dans toutes les religions du monde. Aucune morale ne peut l'accepter.

Il s'agit  probablement d'un cimetière datant de la deuxième guerre mondiale. Les soldats qui gisent la bas quelque soit leur origine méritent le respect car ils sont morts loin de chez eux pour ce qu'ils croient être juste et probablement ils ne le voulaient pas. Ici aussi nous avons des soldats morts lors de cet épisode atroce de la mémoire humaine et des soldats morts ainsi, se trouvent partout. Nous avons aussi des tunisiens musulmans morts et enterrés partout dans le monde: en France en Indochine en Syrie et nous souhaitons qu'ils trouvent la paix dans leurs tombes là où ils sont.

Je ne peux que  partager la peine de toutes les personnes qui ont des parents inhumés dans ce cimetière et qui sentent une profonde tristesse devant ce spectacle affligeant commis par des énergumènes qui croient que tout est permis lors d'une guerre civile et qui ne mesurent pas le préjudice qu'ils portent à leur pays.

Encore plus grave, ce qui s'est passé l'a été dans un cimetière chrétien avec des slogans religieux de guerre sainte alors que l'islam est innocent  de ce que ces gens ont fait. Jamais, il n'a appelé à souiller la mémoire des morts. Jamais il n'a appelé à saccager les tombes. Jamais, il n'a appelé à abattre des croix ni a détruire des épitaphes. De plus, il a toujours appelé à cohabiter avec les "gens du livres" et à les respecter et à respecter leur culture et leurs rites. Les morts quels qu'ils soient méritent le respect des vivants.

Avec cet acte,  la Libye montre à quel point elle est retournée à un état  similaire à la préhistoire et à quel point elle porte préjudice à l'islam et aux musulmans. La civilité est loin de retourner vite à cette terre pourtant plusieurs fois millénaire.