dimanche 29 avril 2012

En attendant la fête du travail


L’agitation sociale atteint chaque semaine de nouveaux paliers.  Les sentiments et les humeurs sont exacerbés par l’incompréhension de la situation politique. La situation économique se dégrade à vue d’œil. L’intolérance est une règle générale. Le gouvernement s’attaque au fondement de l’état  et disloque les quelques structures qui ont fonctionné malgré la pagaille générale. L’opposition continue d’étonner par sa guerre d’égos et par son incapacité à se rénover, de s’unir  et à faire le bilan de son désastre électoral. Ennahdha poursuit son plan de mettre la main sur le pays.

Dans ce marasme général il y a quelques lumières :

 La société civile continue à s’opposer à la dictature en installation. Cette société civile aidée par de simples citoyens  volontaires  fait face vaillamment  au  fascisme d’un parti au double langage et d’un gouvernement  arrogant  qui a adopté sans vergogne les méthodes des gouvernements du pouvoir déchu. Cette résistance civile naïve mais farouche est comme un baume sur le cœur et une lueur d’espoir  pour éviter le scénario iranien à la Tunisie.

La centrale syndicale a montré  qu’elle a conservé une bonne santé. Elle continue à rassembler les couches  sensibles de la population et à défendre les intérêts des travailleurs. L’UGTT a bien géré la pluralité syndicale en évitant de s’opposer aux autres syndicats. Il a bien négocié  le passage de témoin entre la direction sortante et la nouvelle direction malgré les tentatives d’infiltration et de déstabilisation fomentés par certains partis agissants. Il a répondu du tac au tac aux agressions  sans empotement et sans hésitation. L’UGTT continue à bien remplir  son rôle de rempart de la société contre les tentations hégémoniques des uns et des autres.

L’attitude  des jeunes qui ne se sont tombés dans le piège tendu par Ennahdha. Celle-ci  fait tout  depuis son accession au pouvoir pour  dévier leurs demandes de travail de dignité et de liberté en un stérile débat identitaire. Les jeunes maintiennent le cap et continuent de s’indigner pour qu’on accède à leurs demandes légitimes qui sont à l’origine de la révolution.

Le 1 mai cet année sera certainement fêté dignement et entrera, je le souhaite, dans l’histoire de l’émancipation de ce pays pour recouvrir cette liberté tant convoitée. Les préparatifs vont bon train et la mobilisation sera manifestement à la hauteur de l’événement. Mais il ne faut pas se leurrer l’ambiance sera électrique.  Beaucoup de choses seront en jeu. Beaucoup d’esprits mauvais sont aux aguets et ne laisseront pas cette occasion passer sans essayer de faire tord à ce pays.

Nous  allons prendre  rendez vous  à  cette date à l’avenue Habib Bourguiba. Nous serons des milliers pour défendre nos valeurs et notre patrie. Nous serons unis volontaires et solidaires pour que la Tunisie sera libre et démocratique, fière de toute son histoire et ouverte sur le monde et sur son avenir.

Les dessous d’une décision hâtive


Les interrogations soulevées par les événements dramatiques  du 9 avril 2011 sont restées sans réponses. Nous nous essayons dans les articles qui suivent à apporter quelques réponses et quelques pistes de réflexions pour élucider certaines d’entre elles.

Comment le ministre de l’intérieur était-t-il arrivé à la décision de fermer l’avenue Habib Bourguiba aux manifestants et aux rassemblements?

D’abord, cette décision ne nous est pas parue celle de tout le gouvernement de la troïka. Elle  semblait prise en cercle restreint dans le parti  du ministre de l’intérieur et avait la bénédiction de ses instances dirigeantes. Elle visait à reprendre l’initiative de l’action de terrain.

La propagande de ce parti  étant  fondée  sur la promotion du passé  militant de ses membres de sa légitimité populaire et de son enracinement dans la société. Ennahdha voulait toujours pérenniser ces images dans l’imaginaire populaire et  avait peur de perdre l’initiative sur le terrain. Elle s’opposait à tout ce qui réduirait son champ d’action et sa capacité à influencer  la société. Ce parti ne voulait pas admettre que sa capacité de mobilisation n’était ni incontestable ni déterminante. Les forces démocratiques qu’il voulait  faire passer  pour une minorité insignifiante ont montré une capacité de mobilisation au moins aussi importante que la sienne. Les  sit-in de Bardo, la manifestation du 14 janvier et surtout la grande manifestation du 20mars, qui a rassemblé plus de 30 milles personnes, ont laissé un gout amer dans la gorge de ce parti.

Ce parti a montré une très  grande fébrilité vis-à-vis de la pression de la rue et à  plusieurs reprises il a été obligé de remanié ses tentatives de passage en force. De plus, la médiatisation des manifestations organisées par les partis d’opposition, par la société civile l’a empêché de faire passer ses choix  politiques et  a été une source de pression dans ses négociations avec ses protecteurs.
 L’analyse de la situation lui a permis d’arriver à la conclusion qu’il ne fallait plus laisser de telle manifestation se reproduire et  qu’il fallait limiter leur impacte médiatique et surtout  œuvrer pour les  marginaliser.

Le gouvernement qui confondait  son rôle de gestionnaire des instances de l’état et d’appendice  du parti  au pouvoir a laissé cette conclusion prendre forme. Le ministre de l’intérieur s’est porté volontaire pour son application.

Ainsi, à l’échelle stratégique, la décision d’interdire les manifestations sur l’avenue historique de Tunis  a été prise juste après le 20 mars par les dirigeants du parti aux. Toutefois, sur le plan purement tactique cette interdiction devait être motivée autrement et reposer sur des arguments  indiscutables. Pour  être appliquée  rigoureusement, la décision devait surgir d’une analyse autonome  de la situation par les instances du ministère de l’intérieur.

Le ministère en tant qu’administration qui se respecte a analysé la situation et est arrivé à la conclusion  que la répétition des manifestations sur cette avenue était nuisible à la vie économique du pays, à la sécurité des passants, des commerçants et  des biens. La « ghazoua de l’horloge » qui a vu la confrontation entre les salafites et les artistes était l’argument présenté. La restauration de l’autorité du gouvernement passait par une décision courageuse et symbolique comme l’interdiction des manifestations dans l’avenue Habib Bourguiba.

Nous pouvons voir comment  la décision tactique du ministère de l’intérieure avait rejoint  la décision stratégique d’Ennahdha ce qui a réjoui ce parti qui s’est mi en second plan et lui a permis d’arrivé à sa fin sans se découvrir.

La décision d’interdire les manifestations sur l’avenue H Bourguiba était une décision politique qui œuvrait à assoir l’autorité du gouvernement et du parti Ennahdha sur le pays. Elle était hâtive et infondée et elle a débouché sur une bavure policière injustifiable. La confusion entre état et parti reste de mise même après la révolution chose qu’on croyait révolu. La tentation hégémonique d’Ennahdha, nous rappelle que ce parti ne s’est pas totalement débarrassé de ses démons ancestraux.

lundi 9 avril 2012

La boite de pandore


Quand une manifestation pacifique pour honorer la mémoire des martyrs de la Tunisie est  violemment réprimée. Quand des élus de la nation, des journalistes et des citoyens sont agressés verbalement et physiquement  pour avoir « défié » l’autorité du gouvernement et pour avoir « troublé  l’ordre public » on se demande pourquoi  il y a  a eu une révolution en Tunisie.
Le 9 avril 2012 restera un jour triste  dans la mémoire de tout tunisien.  Il portera  à jamais la marque de l’ingratitude des autocrates en poste envers le  peuple qui les a libérés.


Je ne peux qu’exprimer ma réprobation et ma condamnation de tout ce qui s’est passé aujourd’hui. La manifestation était pacifique et festive mais ils ont voulu autrement. Ils ont lâché la meute sur des citoyens  non préparés  et sans intentions belliqueuses. Toute la panoplie de la répression de l’aire dictatoriale  a été employée pour casser du Tunisien.  Ils ont même eu recours à l’aide de milices inconnues comme à la belle époque.

 Le pouvoir rend certainement aveugle mais pas en si peu  de temps. Les prédispositions au despotisme et au totalitarisme du gouvernement en place dépassent l’entendement et laisse perplexe. Ces gens étaient il y a quelque mois l’objet des pires débordements et aujourd’hui  ils incarnent  le rôle du bourreau  avec un talent inouï.  Un talent digne du pays des mollahs. 
 
Fêter nos martyrs est un devoir mais faut-il avoir  la bénédiction des nouveaux protecteurs de la légalité et  leur consentement.  La fête a finalement tourné au vinaigre. Les répercutions seront importantes. A défaut de solutionner  les vrais dossiers  à charge et de  monter une réelle  compétence pour la gestion des affaires du pays, le gouvernement provisoire  a fini par ouvrir la boite qu’il ne fallait pas ouvrir. La boite de pandore. Alors qu’il assume la conséquence de ses actes.