Comme tous les tunisiens,
ces jours me pèsent lourdement. Les risques sont grands et les conséquences
sont incalculables. Tout ce climat tendu fait suite à une exposition d’art
moderne au palais Abdelliya à la Marsa. Certaines
représentations artistiques de cette exposition ont créé la polémique. Jusqu'aujourd’hui nous ne savons
pas lesquelles des ces représentations ont porté atteinte au sacré et sont la causes de tout ce vacarme.
D’abord, je tiens à préciser que l’atteinte aux symboles sacrés
de notre religion est inacceptable et
injustifiable. Nous sommes nés, pour la
majorité d’entre nous, dans des familles musulmanes et on a eu une éducation religieuse. Personnellement,
j’estime que nous avons le courage de nous nous interroger, dans un moment de
vérité, sur notre appartenance à cette
religion et d’y répondre sincèrement.
Ensuite, l’atteinte aux symboles sacrés de notre religion étant
une accusation grave sur les plans social et juridique, elle doit être étayée, prouvée et motivée sans
laisser place au hasard ni aux interprétations.
Pour notre cas d’espèce, suite aux accusations proférées
contre certains artistes ayant participé
a cette exposition, suite aux appels au meurtre
lancé contre eux et contre ceux qui ont visité cette exposition et surtout
suites aux appels aux manifestations pour protéger notre religion au risque de
faire sombrer le pays dans l’anarchie,
je trouve anormal qu’on n’a pas désigné les ouvres incriminés et qu’on n’a
pas permis aux artistes de défendre leur cause.
Néanmoins, au fil des jours, je voie que les accusations ont
été faites sur la base d’œuvres qui n’existaient pas ou suite a des interprétations
très libres d’oeuvres exposés. Mais le
plus grave à mes yeux c’est le détournement politique de l’incident. En effet, des
ministres du gouvernement provisoire se
sont évertués à faire comprendre à nos concitoyens que les artistes sont
coupables d’atteinte au sacré voir de blasphème et qu’ils sont la cause du
déchainement des violences qui a suive la manifestation.
Mais le grand mensonge ou la plus grande couleuvre qu’on a voulu nous faire avaler fut l’œuvre de monsieur Lotfi
ZITOUN. Le ministre a fait comprendre à monsieur khémaies KSILA présent sur le même plateau de la télévision nationale que l’atteinte n’a pas eu lieu contre les symboles
sacrés centraux de la religion ou du
dogme mais contres certaines attitudes
ou habitudes qui sont sacrées pour les musulmans comme le port du voile. Pour
se justifier il a cité la scène du ring avec les sacs de boxes sur
lesquelles ont été peintes des photos de
femmes voilés. Monsieur ZITOUN donne de
la voix et déclare solennellement que le
voile est sacré pour les musulmans et que la scène incite à la violence contre les femmes
voilées.
Là, le ministre est pris en flagrant délit de mensonge et de manipulation de l’opinion publique. C’est que
les femmes peintes ne sont pas musulmanes. Il est écrit sur les sacs noir sur blanc « je
suis chrétienne », « je suis tunisienne », « je
suis juive » et qu’elles ne sont pas voilées mais leurs coiffures paraissent comme
un voile. La
scène est contre la violence à l’encontre des femmes tout court. Venant d’un
ministre qui se respecte et en public, ce
mensonge est très grave. Surtout qu’il survient dans une phase dangereuse du
processus de la transition politique et
en pleine agitation sociale.
Alors de grasse monsieur
le Ministre épargnez nous ces
mensonges et œuvrez pour que la Tunisie et son peuple restent unis. C’est votre
devoir et votre responsabilité historique et surtout n’essayez pas de duper un
peuple bon et crédule qui vous a fait confiance.