vendredi 9 mars 2012

Une patrie, un drapeau

Je me rappelle ma grand-mère maternelle quand elle me parlait de la vie à Tunis pendant l’occupation française. Elle me racontait que  mon oncle a été passé à tabac et emprisonné alors qu’il essayait de mettre le drapeau national  à la place de celui de la France.  Elle me racontait que ma mère a été arrêtée alors qu’elle manifestait pour la libération et pour la dignité des tunisiens. Mon oncle paternel  était lui aussi un résistant contre l’occupation française et a été arrêté et  banni. Il mourut quelque temps après son retour du bagne. Je me rappelle aussi mon service militaire version courte, où on faisait chaque jour le salut du drapeau national et où on retrouvait la patrie ses défenseurs et ses symboles.

Il  n’y a pas une famille tunisienne sans de pareilles histoires pareilles à raconter. Peut être il y a un certain temps, ceci n’avait  pas de significations particulières pour moi et pour nous tous. Mais ce qui c’était passé à la faculté de la manouba m’a mis dans tout mes états.  J’étais à la fois ému et en colère. Le drapeau national  a été souillé et jeté par terre par une bande de rats barbus. L’acte de ces  traitres sales et  perfides  ma touché profondément et à fait ressurgir en moi un flot d’images.

Il  y a d’abord  tous ces gens qui ont donné leurs  vies pour hisser haut  le drapeau national. Il y a tous ces gens qui sont allés en prison parce qu’ils ont estimé que la place du drapeau tunisien est au dessus de nous tous. Il y a tous les larmes  versés par des tunisiens, rien qu’en  voyant le drapeau  flotter dans le ciel un peut par tout dans le monde. Il y a tous nos  compatriotes qui vivent la solitude de l’exil  et qui attendent  l’instant de revoir le drapeau. Il  y a aussi ce sentiment d’appartenance  indescriptible que suscite la vue du drapeau et  qui nous rappelle notre attache à cette terre à ce peuple et à cette patrie. Il y a ensuite les images de la révolution et  la marée de drapeaux rouge et blanc qui a envahi  l’avenue Habib Bourguiba  et qui nous rassemblaient et nous unissaient.

Il est inconcevable que nous arrivions à une situation pareille après une si belle révolution. Le symbole de notre unité et de notre appartenance s’est trouvé rabaissé et sali.  Nous étions tous des Tunisiens ou du moins c’est ce que je croyais. Nous étions  nés  sur cette terre, nous avions respiré son air et manger ses fruits. Le reste  me paraissait  secondaire. Aujourd’hui toute l’échelle de valeur se trouve renversé. La scène atroce d’hier m’a interpellé sur la fragilité de notre sentiment d’apparence  et sur la vanité de certaines de nos certitudes.  La polarisation de la société est devenue une réalité. La civilité et le patriotisme de nos compatriotes  est un leurre. L’ignorance et la bêtise de nos jeunes  à atteint des niveaux inimaginables.  Ceux qui osent hisser un drapeau autre que celui de la Tunisie et qui osent l’outrager  ne sont surement pas prêt  à le défendre.

La fracture de la société est consumée depuis un certain 23 octobre. Mais moi  je ne peux pas accepter le troc de la patrie contre quoi que ce soit d’autre. Ceux qui ne se sentent pas liés à ce pays n’ont qu’à le quitter. D’ailleurs ils étaient toujours et ils le resteront probablement toute leur vie, des étranger à cette patrie.  Le plus important c’est qu’ils ne nous feront pas plier. Nous résisteront et nous défendront  notre patrie et nos valeurs jusqu’au bout.

La Tunisie n’est pas un pays né après la dernière pluie et ceux qui le prétende se trompe sur toute la ligne. Ce pays est un bastion de la modernité  et une matrice de plusieurs civilisations. Ils ne pourront jamais le métamorphoser.

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