jeudi 14 juin 2012

Le grand mensonge


Comme tous  les tunisiens, ces jours me pèsent lourdement. Les risques sont grands et les conséquences sont incalculables.  Tout  ce climat tendu fait suite à une exposition d’art moderne au palais Abdelliya à la Marsa.  Certaines représentations artistiques de cette exposition ont créé  la polémique. Jusqu'aujourd’hui nous ne savons pas lesquelles des ces représentations ont porté atteinte au sacré et  sont la causes de tout ce vacarme.

D’abord, je tiens à préciser que l’atteinte aux symboles sacrés de notre  religion est inacceptable et injustifiable.  Nous sommes nés, pour la majorité d’entre nous, dans des familles musulmanes et  on a eu une éducation religieuse. Personnellement, j’estime que nous avons le courage de nous nous interroger, dans un moment de vérité,  sur notre appartenance à cette religion et d’y répondre sincèrement.

Ensuite, l’atteinte aux symboles sacrés de notre religion étant une accusation grave sur les plans  social et juridique,  elle doit être étayée, prouvée et motivée sans laisser place au hasard ni aux interprétations.

Pour notre cas d’espèce, suite aux accusations proférées contre certains artistes  ayant participé a cette exposition, suite  aux appels au meurtre lancé contre eux et contre ceux qui ont visité cette exposition et surtout suites aux appels aux manifestations pour protéger notre religion au risque de faire sombrer le pays dans l’anarchie,  je trouve anormal qu’on n’a pas désigné les ouvres incriminés et qu’on n’a pas permis aux artistes de défendre leur cause.

Néanmoins, au fil des jours, je voie que les accusations ont été faites sur la base d’œuvres qui n’existaient pas ou suite a des interprétations très libres d’oeuvres exposés.  Mais le plus grave à mes yeux c’est le détournement politique de l’incident. En effet, des ministres  du gouvernement provisoire se sont évertués à faire comprendre à nos concitoyens que les artistes sont coupables d’atteinte au sacré voir de blasphème et qu’ils sont la cause du déchainement des violences qui a suive la manifestation.

Mais le grand mensonge ou la plus grande couleuvre qu’on a voulu  nous faire avaler fut l’œuvre de monsieur Lotfi ZITOUN.  Le ministre a fait comprendre  à monsieur  khémaies KSILA présent sur le même plateau de  la télévision nationale que l’atteinte n’a pas eu lieu contre les symboles sacrés  centraux de la religion ou du dogme mais contres certaines  attitudes ou habitudes qui sont sacrées pour les musulmans comme le port du voile. Pour se justifier il a cité la scène du ring avec les sacs de boxes sur lesquelles  ont été peintes des photos de femmes voilés. Monsieur ZITOUN  donne de la voix et déclare solennellement  que le voile est sacré pour les musulmans et que la scène  incite à la violence contre les femmes voilées.


Là, le ministre est pris en flagrant délit de mensonge et de  manipulation de l’opinion publique. C’est que les femmes peintes ne sont pas musulmanes. Il est écrit sur les sacs noir sur blanc « je suis chrétienne », « je suis tunisienne », « je suis juive » et qu’elles ne sont pas voilées mais leurs coiffures paraissent comme un  voile.   La scène est contre la violence à l’encontre des femmes tout court. Venant d’un ministre qui se respecte  et en public, ce mensonge est très grave. Surtout qu’il survient dans une phase dangereuse du processus de la transition politique et  en pleine agitation sociale.


Alors de grasse monsieur  le Ministre  épargnez nous ces mensonges et œuvrez pour que la Tunisie et son peuple restent unis. C’est votre devoir et votre responsabilité historique et surtout n’essayez pas de duper un peuple bon et crédule qui vous a fait confiance.

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