mercredi 30 mai 2012

J’accuse ...!


Avec du recul,  je peux affirmer que je me  suis  lamentablement trompé. Il  y a si peu de temps, j’étais certain de pouvoir dessiner sur une carte la partie du monde où une démocratie pouvait naitre, là où il y avait un espoir  de partager  les valeurs universelles communes de liberté et d’égalité. Dans cette partie du monde, j’étais  sûr de mettre la Tunisie, mon pays adoré, mais je me suis trompé.

Je vois qu’en l’espace de six mois, le temps que le deuxième gouvernement provisoire se mette en place et commence à révéler ce qu’il a l’intension de faire, nous sommes entrain de perdre  les acquis de plus de cinquante années de travail et d’effort.  Les  quatre ou cinq générations qui nous ont précédés, certes ont commis certaines erreurs, mais  celles ci ne peuvent justifier  l’acharnement, auquel on assiste,  à vouloir  démonter l’Etat,  à réécrire  l’histoire et à jeter le doute sur l’avenir. L’œuvre du gouvernement actuel se résume à mes yeux à s’accrocher coute que coute au pouvoir jusqu’aux prochaines élections, s’ils verront le jour, faisant fi de son devoir de protéger démocratie naissante.

J’accuse ce gouvernement de  laisser faire des hordes incultes et de les encourager  à s’en prendre aux symboles de l’Etat moderne et à ses institutions. Cet Etat national fruit de la lutte et de la clairvoyance d’Hommes qui ont cru en son avènement.  Je l’accuse d’avoir profité d’une révolution à revendications sociales et  de l’avoir détourné  en un instrument de propagande  idéologique  stérile. je l'accuse aussi de vouloir dépouiller notre  pays et sa spécificité historique et de le marginaliser afin de le dissoudre dans un Moyen Orient  différent et étranger. Je l’accuse spécifiquement,  de vouloir déraciner  la jeunesse de ce pays de sa culture plusieurs fois millénaires et de l’empoisonner avec une autre totalement impropre.

Beaucoup comme moi pensent  que nous avons une identité à préserver et une jeunesse à sauver. Notre spécificité, œuvre de nos ancêtres, a fait de nous comme chaque peuple sur cette terre, quelque chose d’exceptionnel. Rien ne peut nous obliger à la changer par une autre quelle qu’elle soit.

J’accuse  ce gouvernement de ne pas être à la hauteur de l’instant historique révolutionnaire. De vouloir façonner l’Etat à l’image de l’idéologie d’un parti et non d’être au  service de l’Etat nation. Je l’accuse de faire de la politique politicienne au lieu de s’armer de modestie pour servir  un peuple avide de recouvrir sa dignité et sa  liberté.

J’accuse ce gouvernent de se moquer de l’intelligence d’un peuple  honnête et crédule et de marginaliser volontairement  son élite pour la couper du simple citoyen. De vouloir  imposer à ce peuple  la pensée unique, le comportement unique et le gouverneur  unique.

Au final nous avons peur d’être en présence de la première contre-révolution menée par un gouvernement arrivée au pouvoir suite à une révolution.  Ainsi  va la Tunisie. Ainsi nous pourrons assister à l’enterrement d’une révolution si prometteuse.

1 commentaire:

  1. Qui fut le premier à dire "On a ce que l'on mérite ?" ... Cette phrase qui plante le clou d'une justice dans ce bas monde ? Je ne veux pas généraliser mais la tentation est grande: la Tunisie dont tu rêves n'existe que dans la tête d'une infime petite élite, une élite pas forcément au sens intellectuel ou social. Cette élite qui croit en un certain respect de soi et des autres pour avoir eu la chance de grandir avec ces valeurs ou encore pour les avoir apprises là où elles existent ailleurs dans le monde (à la Bourguibienne). Regarde autour de toi, la nouvelle génération naissante et toutes celles qui l'ont précédées. Observe comment elles communiquent entre-elles et les unes avec les autres, médite leurs comportements entre elles et vis à vis de leur environnement et peut-être tu verras la triste réalité: nous sommes loin, encore très loin, de mériter une gouvernance organisée et respectueuse ... car toujours faut-il qu'une majorité d'entre nous soit justement organisée et respectueuse ... Au final et pour résumer mon idée M. Ghannouchi, H.Jebali et avant eux Ben Ali ne viennent pas de Mars, ils sont le fruit de ce gros caca géant qui se putréfie dans notre pays ...

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