Avec du recul, je
peux affirmer que je me suis lamentablement trompé. Il y a si peu de temps, j’étais certain de
pouvoir dessiner sur une carte la partie du monde où une démocratie pouvait
naitre, là où il y avait un espoir de
partager les valeurs universelles communes
de liberté et d’égalité. Dans cette partie du monde, j’étais sûr de mettre la Tunisie, mon pays adoré,
mais je me suis trompé.
Je vois qu’en l’espace de six mois, le temps que le deuxième
gouvernement provisoire se mette en place et commence à révéler ce qu’il a
l’intension de faire, nous sommes entrain de perdre les acquis de plus de cinquante années de
travail et d’effort. Les quatre ou cinq générations qui nous ont
précédés, certes ont commis certaines erreurs, mais celles ci ne peuvent justifier l’acharnement, auquel on assiste, à vouloir démonter l’Etat, à réécrire
l’histoire et à jeter le doute sur l’avenir. L’œuvre du gouvernement
actuel se résume à mes yeux à s’accrocher coute que coute au pouvoir jusqu’aux
prochaines élections, s’ils verront le jour, faisant fi de son devoir de protéger démocratie naissante.
J’accuse ce gouvernement de
laisser faire des hordes incultes et de les encourager à s’en prendre aux symboles de l’Etat moderne
et à ses institutions. Cet Etat national fruit de
la lutte et de la clairvoyance d’Hommes qui ont cru en son avènement. Je l’accuse d’avoir profité d’une révolution à
revendications sociales et de l’avoir
détourné en un instrument de
propagande idéologique stérile. je l'accuse aussi de vouloir dépouiller notre pays et sa spécificité historique et de le
marginaliser afin de le dissoudre dans un Moyen Orient différent et étranger.
Je l’accuse spécifiquement, de vouloir
déraciner la jeunesse de ce pays de sa
culture plusieurs fois millénaires et de l’empoisonner avec une autre
totalement impropre.
Beaucoup comme moi pensent
que nous avons une identité à préserver et une jeunesse à sauver. Notre
spécificité, œuvre de nos ancêtres, a fait de nous comme chaque peuple sur
cette terre, quelque chose d’exceptionnel. Rien ne peut nous obliger à la
changer par une autre quelle qu’elle soit.
J’accuse ce
gouvernement de ne pas être à la hauteur de l’instant historique
révolutionnaire. De vouloir façonner l’Etat à l’image de l’idéologie d’un parti
et non d’être au service de l’Etat
nation. Je l’accuse de faire de la politique politicienne au lieu de s’armer de
modestie pour servir un peuple avide de recouvrir sa dignité et
sa liberté.
J’accuse ce gouvernent de se moquer de l’intelligence d’un
peuple honnête et crédule et de
marginaliser volontairement son élite
pour la couper du simple citoyen. De vouloir imposer à ce peuple la pensée unique, le comportement unique et le gouverneur unique.
Au final nous avons peur d’être en présence de la première contre-révolution menée par un gouvernement arrivée au pouvoir suite à une révolution. Ainsi va la Tunisie. Ainsi nous pourrons assister à l’enterrement d’une révolution si prometteuse.
Qui fut le premier à dire "On a ce que l'on mérite ?" ... Cette phrase qui plante le clou d'une justice dans ce bas monde ? Je ne veux pas généraliser mais la tentation est grande: la Tunisie dont tu rêves n'existe que dans la tête d'une infime petite élite, une élite pas forcément au sens intellectuel ou social. Cette élite qui croit en un certain respect de soi et des autres pour avoir eu la chance de grandir avec ces valeurs ou encore pour les avoir apprises là où elles existent ailleurs dans le monde (à la Bourguibienne). Regarde autour de toi, la nouvelle génération naissante et toutes celles qui l'ont précédées. Observe comment elles communiquent entre-elles et les unes avec les autres, médite leurs comportements entre elles et vis à vis de leur environnement et peut-être tu verras la triste réalité: nous sommes loin, encore très loin, de mériter une gouvernance organisée et respectueuse ... car toujours faut-il qu'une majorité d'entre nous soit justement organisée et respectueuse ... Au final et pour résumer mon idée M. Ghannouchi, H.Jebali et avant eux Ben Ali ne viennent pas de Mars, ils sont le fruit de ce gros caca géant qui se putréfie dans notre pays ...
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